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Chapitre IV : L'origine, der Ursprung
Les propos du troisième chapitre et son cheminement disaient le divin. Ils nous permirent
d'atteindre la contrée de ce qui occasionne plus précisément la rencontre et la considération dudivin. Nous nous trouvâmes auprès de ce qui formait le lieu du développement de notre
pensée directrice et côtoyâmes ainsi la terre, le ciel, les dieux et les hommes d'une autre faon,
puis le Geviert et les autres possi!ilités que ce dernier et ce qui l'éta!lissait offraient pour
éclairer notre chemin et préciser sa visée. Nous nous situâmes ainsi comme dans un point o"
conver#eaient tous les chemins des textes considérés, en côtoyant ainsi d'autres mots dans leur
hori$on herméneutique % nous évoquâmes & monde , & chose , & commencement ,
& rassem!lement et « origine ».
Nous nous arr(tons maintenant sur ce dernier mot. )'est que l'a!outissement et l'esprit du
chapitre précédent nous y invitent pour porter nos propos * une interprétation plus profonde et
plus * m(me de découvrir ce qui met le divin sur scène et en de* de la scène du monde et de
la pensée de celui+ci. n préparant le terrain pour le Geviert , en parlant de ses différents
éléments puis de lui spécifiquement, nous f-mes conduit * parler de ce qui est de plus
essentiel le concernant et surtout concernant le divin dont la manifestation y trouvait son
assise % nous avons considéré le rassemblement de tout ce qui s'y rapportait et s'y liait par ladif+férence (Unter-schied) et l'entre (das Zwischen). La pensée qui approche ce qui
rassem!le, rencontra alors les lieux qui appellent ce rassem!lement, ceux qui, depuis leur
ori#ine commune, le permettent et permettent du m(me coup l'événement+avènement nous
pensons * l' Ereignis/ originaire liant les différents commencements actualisés et possi!les.
Nous devons donc penser l'origine pour compléter l'herméneutique propre * notre étude. )e
& penser est celui d'une réflexion méditative Besinnung / qui sonde tout ce qui se donne * partir de cette ori#ine, qui a permis et permet la pensée du Geviert et de la place qu'y occupe
le divin et ses relations * chaque élément constitutif de la quadrature et du rassem!ler. 0arler
de l'ori#ine, c'est donc préciser clairement ce qui s'installe par celle+ci, ce qui ressort d'elle et
permet le fondement.
Lorsque nous disons que l'ori#ine est * penser, nous disons par cela m(me qu'elle est *
dé#a#er.
1u'entendons+nous par l* 2
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Lorsque 3eide##er remplace le ein par le e!n il pense plus ori#inellement celui+ci en
méditant aussi le refus de sa manifestation continue dans l'οὐσία. n 4565, il dira, en
empruntant le chemin de la pensée du e!n %
7ans le refus, l'estre se dépasse lui+m(me, il s'essentialise donc tou8ours plusque lui+m(me et se voile ainsi dans la simplicité première, que rien ne fonde.La clairière de l'estre est celle de son essence propre et place celui+ci en
m(me temps dans l'o!scurité.4
Il est question ici de plus que la non+occultation de l'(tre ou du développement ontolo#ique
fondamental du 0li de l'(tre de l'étant. )e qui devient une question essentielle, dont les
Beitr"ge donnent dé8* les contours et les développements spécifiques, est le retrait et la
donation de l'estre depuis son premier sur#issement et ses commencements qui contrai#nentla pensée * une méditation plus ori#inelle. L'(tre qui fut étudié dans son dévoilement premier
dans l'οὐσία conduit ici * une étude plus importante et qui lui est plus propre, non pas celle
du voilement ori#inel tout court mais de l'association de ce voilement au dévoilement dans un
rapport particulier. 9appelons le caractère de plus en plus & reli#ieux ou & mystique d'une
telle réflexion, caractère dont notre étude présentera les déclinaisons le séparant de toute
forme vul#aire de reli#ion ou de mysticisme, tous les deux rattachés * la foi.
Le voilement n'est plus simple voilement et occultation, il est retrait : non pas retrait
sans recevoir ou écouter la voix de l'ori#ine, mais retrait de l'estre #énitif su!8ectif et o!8ectif/
lui+m(me depuis son ori#ine, son ouverture et son déploiement premiers, et aussi donc de ce
qui accompa#ne l'estre et lui donne sa voix et sa voie premières, son premier avènement au
monde qui ainsi s'institue. 7ire que l'(tre se cache et se retire c'est donc affirmer le m(me de
l'ori#ine %
)ar, tout d'a!ord, l'ori#ine (Ursprung) se montre dans son sur#ir (Enstpringen).;ais, le plus prochain du sur#ir est ce qui sur#it par lui. L'ori#ine a li!éré celui+
ci * partir d'elle, et ce tel qu'elle ne se montre pas elle+m(me dans ce qui a sur#i,mais se cache (sich verbirgt) derrière son sur#ir et se retire (ent#ieht).<
L'étymolo#ie de l'ori#ine (Ursprung) la lie directement au sur#ir (das Entspringen). 7epuis
le repos arrive le 8aillissement, dans ce silence lui+m(me s'a!rite le possi!le, qui n'attend rien
1 Besinnung , =>, ?d. @@, p. 4AA % « $n der %erweigerung &bertrit das e!n sich selbst ist immerwesentlicher denn es selbst und verh&llt sich so in die erste Einachheit die einer ergr&ndet*
+ie ,ichtung des e!ns ist dessen eigenen esens und r&ct es #ugleich in das +unel* »2 & >ndenBen , in Erl"uterungen #u ./lderlins +ichtung , =>, ?d. C, p. 5< % « +enn #un"chst #eigt sich
der Ursprung in seinem Entspringen* +as 0"chste des Entspringens ist aber sein Entsprungenes*
+er Ursprung hat dieses aus sich entlassen so #war da1 er sich in diesem Entsprungenen selbstnicht #eigt sondern hinter seinem Erscheinen sich verbirgt und ent#ieht* »
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pour l'actualiser, ni un 7ieu comme ori#ine métaphysique de l'étant actuel ni un Intellect
auquel d'autres s'associeraient dans leur actualisation et le possi!le de leur pensée, mais vient
plutôt dans l'ouverture par lui+m(me, de par son propre participe, das Entspringend , qui reste
tou8ours+dé8* lié au silence du possi!le ori#inel et de son ouverture et rayonnement
possi!ilisant la ,ichtung comme lumière et surtout comme clairière. )ette ori#ine dont la
trace du Dacré #arde la mémoire n'a pas de cause et n'est pas une cause elle+m(me, elleentretient plutôt une parenté avec la pensée qu'elle s'assi#ne dans le destin qu'elle réclame.
La méditation de l'ori#ine s'éloi#ne du vu et du peru, elle s'approche de la clairière pour voir
ce qui marque le retrait du voir laissant sa trace dans le manifeste, dans le l*+devant de la
simple perception, des phénomènes du monde, des choses, des idées pensées depuis leur
avènement dans la pensée transcendantale de 0laton. 0our penser l'ori#ine, nous sommes
o!li#é de partir, comme nous l'avons dé8* fait, de ce qui a sur#i, de le considérer comme tel,
pour approcher après le sur#issement et le sur#ir du sur#issement dans ce qu'il recèle et ce
qu'il offre continuellement * notre méditation. )'est alors que l'Ur-sprung se retrouvera
tou8ours l* comme Ur-sprung , non pas comme simple présence mais comme ce qui donne
tou8ours présance. 0arler de l'ori#ine, c'est dire ce qui dans cette ori#ine fait qu'elle soit
l' Entspringend participant continuellement st"ndig / * l'essentialisation fondamentale de ce
qui ad+vient.
7ire ce qui est dans cette ori#ine c'est le penser, et le penser c'est (tre au plus près de
l'ori#ine, c'est demander * l'esprit ce qu'il y a de plus difficile, parce que de plus ori#inel, *
accomplir % & La pensée qui, revenant * la source, va vers l'ori#ine est la plus difficile. 0ourcette raison, plusieurs l'a!ordent timidement, non pas parce qu'ils ont peur de cette entreprise,
la plus difficile, mais parce qu'ils l'aiment. 6 ,e timide et l'h2sitant sont les traits
constitutifs de cette pensée, qui s'approche donc en re#ardant et #ardant ce qui trouve son
assise et son 8aillissement depuis l'ori#ine et surtout comme ori#ine.
>utant dire donc que l'ori#ine permettra * notre étude dans ce chapitre de penser ce
qui la marque et lui donne son assise particulière % non pas un ou des concepts tout court, mais
des 2v2nements liés * des réflexions et * des fondements particuliers et essentiels, donnant lefond préparatoire et décisif comme plan sur lequel se fonde puis : et c'est plus important : se
dit le divin dans ses associations ori#inelles et son rassem!ler continu, entré dans l'ou!li mais
tou8ours dans la trace du présant, se donnant dans le refus actuel et dans l'ouvert pensés dans
l'ori#ine et ce qui s'y accorde et permet l'accordement * chaque fois.
0lusieurs chemins constitueront autant de points de départ vers et depuis l'ori#ine,
pour penser cette dernière avec ce qui lui est essentiel et ce qu'elle essentialise % nous
3
I!id., p. 464 % « +as #ur 3uelle #ur&cehrende +enen an den Ursprung ist das chwerste* +eshalb tr"gtmancher cheue nicht weil er dies chwerste &rchtet sondern weil er es liebt* »
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parlerons du commencement , de l' Ereignis, de la notion de monde, du destin, de l'histoire et de
l'historial , de la cause et de son manque dans l'ori#ine propre * notre acheminement, du
ondement , de la pro4imit2 et de l'intimit2, toutes deux liées * l'ori#ine comme au Geviert , de
l' Es gibt que nous avons souvent sous+entendu ou évoqué, et de la tradition et de son rôle dans
la notion vul#aire de l'ori#ine.
Eant de mots, tant de chemins, qui a!outiront dans une conclusion sur l'ori#ine o" celle+ci
tient tout son sens % son inn et sa 5ichtung . )omme nous l'avons !ien indiqué et exposé dans
les deux premiers chapitres propédeutiques de cette étude, nous ne définissons pas, nous
explorons le sens en le laissant s'ouvrir * nous et avec notre pensée qui lui convient et s'y
accorde. Il est aisé de voir, surtout pour un esprit informé par les dé!uts de notre étude et son
premier développement dans le chapitre précédent, le lien étroit qu'entretient chacun de ces
chemins avec l'ori#ine comme fil conducteur de ce chapitre. )e lien est ici considéré en tant
6ue lien, une évidence qu'il faut #arder * l'esprit en lisant ce qui suit 8usqu'* la conclusion qu'il
aura occasionnée et le rapport direct de cette dernière * la pensée du divin, rapport qui n'a rien
d'un concept occasionnant une analo#ie entre le divin et une autre idée ou un noumène de la
réflexion prenant l'ori#ine comme départ transcendantal du monde et de sa réalité.
Eout comme dans le chapitre précédent, il n'y a pas d'ordre chronolo#ique ou
#énéalo#ique particulier * suivre. L'écriture suit des chemins qui s'entrecroisent et se
re8oi#nent * l'ori#ine comme leur source et leur finalité. 0our chaque chemin traversé, celui
dont nous parlerons ensuite le croisera et s'y référera explicitement ou implicitement en prenant ses éclaircissements pour acquis dans les réflexions qui suivent. Il est question d'une
rencontre continue et d'un rassem!lement de ce qui occasionne notre réflexion particulière
nous permettant de !ien préciser le divin dans les lieux et sur les chemins qu'il invite *
emprunter.
La conclusion portera alors sur le divin lorsqu'il parle depuis l'ori#ine F sur lui dans son lien *
l'ori#ine, lien indénia!le et précisé par notre critique F sur ce que l'ori#ine pourra dès lors nousdire sur le divin F sur le rassem!lement déterminé plus haut F et sur l'arrivée du divin au sein
du et surtout avec le monde.
)e n'est pas que le divin soit partout tel la su!stance de Dpino$a, ni qu'il soit équivalent
* l'(tre lui+m(me de 3eide##er, mais c'est que nous empruntons tou8ours les chemins o" il
nous est donné de le rencontrer et en parler, en avoir * dire, en répondant * la question
directrice % & 1u'en est+il du divin 2 , * !ien distin#uer de celle de Lei!ni$, évoquée et
reformulée * plusieurs reprises par 3eide##er % & 0ourquoi y a+t+il quelque chose plutôt que
rien 2 et qui paraGt souvent diri#er la réflexion propre * 3eide##er, celle qu'il a menée
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8usqu'au !out pour la dépasser, dépassement que nous ne cherchons pas * refaire ici en
reprenant le travail du philosophe. Di nous dépassons une certaine pensée métaphysique avec
3eide##er, nous partons depuis ce dépassement en considérant : sans exposition o!8ectivante
: ce que ce dernier donne * penser * propos du divin et de l'essence qui permet une
installation particulière depuis ce dernier.
Nous nous tournons maintenant vers la terre comme Φύσις et lieu natal pouremprunter le chemin proposé par ce chapitre, tou8ours in media res.
I. Φύσις
n commenant par la Φύσις, nous souli#nons le lien qu'entretient nécessairement ce chapitre
avec le chapitre précédent. Nous avons exploré la terre en tant qu'élément fondamental desquatre et puis du Geviert qui s'y installe tout en les éta!lissant et les accordant. ;ais la terre
accorde aussi d'une autre faon * laquelle nous fGmes allusion et qui est directement liée *
l'ore, * l'accorder comme don de la terre : qui est sur#issement autre que celui de la Nature
vue comme matrice de production * exploiter ou comme matière première. La terre dans son
lien * l'ori#ine est Φύσις, naissance et don de ce qui vient dans l'ouvert. Les textes de
3eide##er qui s'y rapportent en la liant * l'ori#ine des choses la représentent sous plusieurs
aspects, chacun offrant un éclaircissement particulier par un retour essentiel qui la repense *
chaque fois.
7* 0aissance
7epuis la Φύσις, naGt tout ce qui vient dans l'ouvert, c'est+*+dire entre terre et ciel, par et pour
les dieux puis pour les hommes.C lle exprime le dieu du cep qui est don, sauve#arde et
présentation pour l'homme du divin auprès de la terre. La HJK est aupr8s de l'origine et est
4 0ourquoi ne pas considérer aussi les trois autres éléments antiques pour parler de la Naissance, de ce qui sortdans l'ouvert 2 Nous n'avons pas ici l'espace ni le temps pour entreprendre une étude ou de tenter uncondensé des différentes théories antiques, mais notons !ien cependant que ces dernières, concernantchacune un élément ou une cosmolo#ie particulière de la naissance ou de la perpétuation du monde, serapportent toutes * cette naissance qui est pensée dans la Φύσις que nous considérons ici. Le lecteur pourrase référer au cours de =adamer, 9u commencement de la philosophie : Au commencement de la philosophie :Pour une lecture des pr é socratiques (Paris : Seuil, 2001), qui en donne une vue d'ensem!le raisonnée et trèsclaire. Moir en particulier les pa#es 4A * 44O. Nous citons ici sa conclusion sur la pa#e 446 % & t voicifinalement la conclusion que l'on peut formuler % entre les trois penseurs que la tradition nous donne commemem!res de l'école dite de ;ilet, il y a une manifeste communauté d'orientation. )'est tou8ours le m(me
pro!lème que posent l'eau che$ Ehalès, la périodicité de l'univers che$ >naximandre et l'air che$ >naximène.
)'est celui ... PquiQ remonte pour nous tous * la conceptualité développée dans la ;h!si6ue aristotélicienne, pour laquelle nous usons du concept de phusis.
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par l* ori#ine de l'étant comme tel : elle est & éclosion spontanée & von-sich-her-
9ugehen /.
)'est parce qu'elle est 2closion que la Φύσις donne l'étant, elle est l'ouverture de l'étant
sous le ciel, elle est son ori#ine et c'est comme telle qu'elle dévoile et se dévoile.
)'est ce voilement Mer!er#en/ et ce d2voilement nt!er#en/ qui lient la terre et la Φύσις et permettent de les penser ensem!le depuis le don qui vient de l'ori#ine o" la parole de
3eide##er cherche l'(tre et ses rapports dans le fra#ment 4, ?d. 4A, p. 4O.6 I!id., p. 4A6 % & Φύσις χρύπτεσθαι φιλεῖ % Tum Dichent!er#en #ehRrt ein Dichver!er#en&. . 0our une
explication détaillée et très pro!ante de l'interprétation de 3eide##er du fra#ment 4n die MerWandten , in Erl"uterungen #u ./lderlins +ichtung , =>, ?d. C, p. 4C % « +as
Eigenste der .eimat ist #war l"ngst bereitet und denen die das Geburtsland bewohnen schon geschict* »8 Moir & 7ie Dprache Xohann 0eter 3e!els , in 9us der Erahrung des +enens, =>, ?d. 46.
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pour autant qu'il pense son (tre+l* et qu'il est +asein. )e feu est * penser avec et en m(me
temps que la terre, ce que 3eide##er souli#nera en citant 3éraclite %
PLe feu est * penserQ... comme émer#ence continue. 0ar le mot & feu ,3éraclite nomme ce que οὔτε τις θεῶν οὔτε άνθρώπων ἐποίησεν, & cequ'aucun des dieux ni des hommes n'a pro+duit , ce qui !ien plutôt, devant lesdieux et les hommes et pour eux, repose en soi comme Φύσις, demeure en soi et#arde ainsi toute venue.5
La parenté entre le feu et la HJK est ici rendue très claire. 9ien ne sépare la HJK du feu,
rien ne les dissout non plus dans une matrice ori#inelle commune % la HJK est HJK et le feu
feu, depuis la donation ori#inelle. Le mot feu « nomme » & nennt / la Φύσις , il la fait
entrer dans la parole qui lui est préparée et dans l'installation des choses qui lui correspondent
et viennent purement (blo1) * partir d'elle, ces choses qui ne sont pas le produit, ce qui fut
produit (her-vor-gebracht) par les hommes ou les dieux. La HJK est donc la venue au
monde ori#inelle qui est non-production : elle n'est pas une Uuvre faonnée * une fin
préméditée ou intuitive. lle nous dit que l'ori#ine est * penser depuis ce qui vient *
l'existence * partir de l'2mergence originelle, qu'il faut !ien entendre comme émer#ence
continuelle et s'effectuant tou8ours et * chaque fois que quelque chose vient au monde, sans y
voir donc un dé!ut chronolo#ique d'une histoire au cheminement et * l'évolution pro#ressifs et
accumulant un hérita#e matériel et technolo#ique caractérisant et permettant le pro#rès
technique inlassa!le et inévita!le. L'ori#ine depuis la HJK est tou8ours l* comme telle. Da
donation n'est pas dans un temps calcula!le, elle n'en#endre pas non plus & le temps mais permet l'émer#ence et l'effectue en se temporalisant dans ce qui vient par elle % l'étant, dont
celui qui pense son (tre+l*, le +asein.
Nous apprenons, d'3éraclite et avec 3eide##er, que « l< aussi », auprès du foyer, les
dieux sont présents % l* aussi est un lieu, des plus privilé#iés, du divin (G/ttliche) des plus
privilé#iés, des plus sacrés (heilig).4A Les dieux parlent au sein du foyer, dans le lieu o" le9 & >letheia , in %ortr"ge und 9us"t#e, =>, ?d. O, p. euer ist #u denen? *** als immerw"hrendes
9ugehen* +urch das ort « >euer » nennt .eralit @enes was οὔτε τις θεῶν οὔτε άνθρώπων ἐποίησεν« was weder irgendwer der G/tter noch der Aenschen her-vor-brachte » was vielmehr schon immer vor denG/ttern und Aenschen und &r sie als Φύσις in sich beruht in sich verbleibt und so alles ommenverwahrt* »
10 3eide##er cite un propos attri!ué * 3éraclite d'après >ristote, ,es parties des animau4, > , @C a 4O. 7esétran#ers seraient venus voir 3éraclite et l'auraient trouvé se réchauffant au feu d'un four de !oulan#er.3éraclite les aurait alors invités * entrer en disant % & εἶναι !ρ κα" ἐντα#θα θεούς & ici aussi les dieuxsont présents. / 3eide##er précise alors, ce qui re8oint nos propres propos % « +ie Besucher wollen dies« erleben » nicht etwa um vom +enen betroen #u werden sondern lediglich deshalb damit sie sagen/nnen einen gesehen und geh/rt #u haben von dem man wiederum nur sagt da1 er ein +ener sei*tatt dessen inden die 0eugierigen .eralit bei einem Bacoen* +as ist ein recht allt"glicher undunscheinbar Crt* 9llerdings wird hier das Brot gebacen* 9ber .eralit ist am Bacoen nicht einmal mitdem Bacen besch"tigt* Er h"lt sich hier nur au um sich #u w"rmen*** « εἶναι !ρ κα" ἐντα#θα θεούς »« G/tter wesen auch hier an* »
+ieses ort stellt den 9uenthalt ( $θος ) des +eners und sein Dun in ein anderes ,icht*** κα" ἐντα#θα»auch hier« am Bacoen an diesem gew/hnlichen Crt wo @eglich +ing und @eder Umstand @edes Dun und
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divin se dit depuis le don du parler et plus encore de la pensée. Le dieu est ici proche du
Dacré, proche donc de ce qui #arde et permet le plus la présantation du divin. 7ans ce & l*
+a/ il est le plus proche de sa vérité en tant que dieu, il est dans le plus intime parce qu'il est
dans la pro4imit2 que disent feu et HJK au sein du Dacré. L*, le divin est auprès de la terre,
du feu, des dieux, et il est * penser. Non qu'il soit ce qui essentialise ou ce qui permet tou8ours
l'étant : il n'est pas l'(tre, mais il est et ce qui vient de lui en tant que l'auprès+de dans un senstou8ours ori#inel.
La Naissance * partir de la Φύσις est étroitement liée * la terre, au feu, au foyer, aux
dieux, tous disant la demeure de l'homme, son .eim. )e .eim est lié au Unheimliche notion
que 3eide##er reprend tout comme l'avait fait Yreud, mais * des fins toutes autres que
l'exploration étymolo#ique puis psychanalytique effectuée par ce dernier % l'Unheimliche
#arde !ien che$ 3eide##er le sens courant de ce qui est & inquiétant , mais ce sens commun
est accompa#né d'une pro!lématique plus ori#inelle % l'Unheimliche permet le questionnementessentiel parce qu'il permet l'inquiétude puis le souci orge/ qui est * voir ici dans un sens
positif comme souci de l'homme pour son (tre+l*, ce qui l'interpelle, ce qu'il recèle, et ce que
ce receler révèle concernant l'ou!li de l'(tre et de tout ce qui vient avec et depuis le 0li
ontolo#ique.
Nous a8outons que l'Unheimliche est ce qui permet au +asein de voir qu'il est 8eté dans
l'étant, dans un & non+che$+soi et dans une inauthenticité inévita!le. )ette dernière n'est pas
une simple né#ation de l'authenticité, elle fait partie de l'(tre+au+monde de l'homme, (tre qui
est insépara!le de la condition de l'homme et de ses réflexions F l'inauthenticité est un facteur
important dans l'(tre+au+monde de l'homme et c'est en y étant que celui+ci peut entrer dans
l'authenticité du 7asein et de son (tre+pour+la+mort, penser ce qui est tou8ours auprès+de+lui
dans l'attente continue : penser donc le divin dans ses lieux privilé#iés et cachés : et
remarquer l'ou!li de l'ou!li. L'homme effectue alors un certain retour vers ce qui lui est de
+enen vertraut und gel"uig das hei1t geheuer ist »auch da n"mlich« im Umreis des Geheuren εἶναιθεούς ist es so »da1 G/tter anwesen«*$θος %νθρώπ& 'αίων sagt .eralit selbst: »+er (geheure) 9uenthalt ist dem Aenschen das Cene &rdie 9nwesung des Gottes (des Un-geheuren)«* »Les visiteurs voulaient vivre cette expérience non pas parce qu'ils furent touchés, m(me d'une faonmoindre, par la pensée, mais plutôt pour pouvoir dire qu'ils ont !ien vu et entendu celui dont on dit, ni plus nimoins, qu'il n'est un penseur.>u lieu de cela, les curieux trouvent 3éraclite auprès d'un four de !oulan#er. )'est l* un endroit tout+*+faitquotidien et sans apparence. n effet, c'est l* qu'on cuit le pain. ;ais 3éraclite n'est pas occupé * faire cuirPle painQ auprès du four de !oulan#er. Il s'y trouve tout simplement pour se réchauffer... & εἶναι !ρ κα"ἐντα#θα θεούς & Ici aussi les dieux sont présents. )ette parole place le sé8our $θος/ du penseur et son faire dans une autre lumière... κα" ἐντα#θα & iciaussi , auprès du four de !oulan#er, dans ce lieu ha!ituel, o" toute chose et chaque situation, chaque faire et
pensée sont intimes et familiers, c'est+*+dire accoutumés, & en cet endroit précis , dans cet entoura#e del'accoutumé, εἶναι θεούς, c'est !ien l* que & les dieux sont présents .$θος %νθρώπ& 'αίων, dit 3éraclite lui m(me % & Le sé8our accoutumé/ est pour l'homme l'ouverture * la
présence du dieu le non+accoutumé/. / 3eide##er, & ?rief Z!er den 3umanismus , =>, ?d. 5, p. 6+6@.
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plus ori#inel, retour qui marque sa première pensée de l'authentique et revisite autrement ce
que nous entendons par le sur#issement spontané * partir de la HJK.
2. ;atrie
)'est * partir de ces considérations sur la terre natale que nous pouvons approcher ce que3eide##er entend par la patrie et son lien * l'ori#ine, puis ce qu'il en est des dieux de cette
patrie, du retour vers l'ouvert+caché et l'advenue du timide du divin. )ommentant
& 3eimBunft , 3eide##er éclaire le lien entre la patrie et l'ori#ine, 8uste après une o!servation
sur la Duévie, & la mère qui & demeure près du foyer de la maison (« uevien die Autter
wohnt nahe « dem .eerde des .auses ») %
La Duévie, la voix de la mère, montre la terre natale dans son essence. 7ans la
proximité * l'ori#ine se fonde le voisina#e au plus 8oyeux. Le plus propre et lemeilleur de la patrie repose en ceci % (tre uniquement cette proximité *l'ori#ine, : et rien en dehors de a... )'est pourquoi un PhommeQ, lorsqu'il doitquitter le lieu de la proximité, ne le fait qu'avec peine.44
La terre natale (%aterland) est indissocia!le de toute méditation sur la patrie (.eimat).
)onsidérons les deux mots %aterland et .eimat et leur traduction. )elle+ci nous donne & terre
natale pour & %aterland o" & %ater est le père et & ,and la terre neutre F & .eimat est
ensuite traduit par & patrie .
La terre natale est plus liée * la terre (Erde) qui en fait le don, et elle n'est pas *
associer * une certaine fertilité féminine que l'expression franaise pourrait su##érer et puis *
une déité telle qu'>starté qui ferait du poème de 3Rlderlin et du mot de 3eide##er une sorte
de pa#anisme spirituel. La terre natale est !ien naissance ici, elle est !ien accession * l'ouvert
depuis l' Erde, elle est le lien de l'homme au ,and .
0lus important est cependant le mot .eimat . L'homme est dans sa .eimat lorsqu'il est
dans son .eim, et celui+ci est essentiel * l'(tre de l'homme % l'homme est en tant qu'il a un
.eim, non seulement construit+il pour se lo#er ou se proté#er de l'extérieur mais parce qu'il
est celui qui ha!ite (wohnt) et qui a un .eim avant de construire une maison (.aus) :
lorsqu'il est che$ lui (#uhause), il est dans son che#-lui 3eim/. La patrie n'est pas le simple
pays des anc(tres ou le suppôt d'un nationalisme vul#aire, elle est l'appartenance authentique
de l'homme * lui+m(me tout en étant tou8ours+dé8* 8e+té dans le monde. La .eimat offre *
l'homme sa demeure, telle que nous la considérâmes dans le troisième chapitre, elle permet
11 & 3eimBunft V >n die MerWandten , in Erl"uterungen #u ./lderlins +ichtung , =>, ?d. C, p.
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cette demeure, non pas par nécessité a!solue dont l'homme et son humanité seraient en
quelque sorte dépendants tels des contin#ents, mais comme faisant partie de l'essence de
l'homme qui est en tant qu'il ha!ite. )'est pour a que 3eide##er affirme % & Le plus propre et
le meilleur de la patrie repose en ceci % (tre uniquement cette proximité * l'ori#ine, : et rien
en dehors de a. 4
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l'eort d'une impulsion intarissa!le % & Deulement peut revenir celui qui préala!lement ou
peut+(tre pendant lon#temps dé8* a porté la peine du voya#e sur les épaules et est allé *
l'ori#ine, pour qu'il puisse ainsi faire l'épreuve de ce qu'il y a * chercher... 4 La .eimat se
donne et est comme telle pour autant qu'elle demande un retour de l'2tranger . 0our (tre en
son sein, pour la re8oindre, il faut partir loin d'elle et ce au prix d'un #rand cha#rin, celui de
l'homme qui sait l'appel de la patrie, l'écoute et effectue le départ pour un retour pour lare8oindre. Deul cet homme peut revenir vers elle, seul celui qui est non seulement parti mais
parti en sachant qu'il répondait l* * son appel, celui du 9etour.
L'arrachement premier * la patrie est suivi d'un chemin très lon#, un .ol#weg qui se perd en
monta#ne sans perdre sa visée première, un chemin donc qui suit la métaphysique et son
premier commencement pour les repenser tout en empruntant, et ce autrement, le chemin du
lan#a#e qui l'exprime puis celui qui exprime ce que le voya#eur cherche et ce qu'il trouve au
9etour qu'il n'arr(te pas d'effectuer dans son unicité (Ein#igeit) rassem!lante.
Le voya#eur retourne vers la pensée de l'ori#ine, qui n'est ni qu(te d'une ori#ine
commune de l'homme de raison ni nostal#ie ou mal du pays vul#aires. lle n'est pas non plus
solipsisme ou repli sur soi et hermétisme do#matique puis érémitisme. ,a patrie est le
5etour , et dans ce sens l*, avec l'effort inlassa!le qu'il indique, nous retrouvons la pens2e de
l'origine et le pas en arri8re qui la cherche. Le 9etour nous montre mieux encore ce 6u'est la
terre natale qu'évoque le poème de 3Rlderlin et telle que la décrit 3eide##er % le mot .eim,
tout comme le lan#a#e du 9etour qui l'accompa#ne (Zur&c ehre***), hésite et, en hésitant,
se retournant sur lui+m(me, il s'enrichit, enrichit ses sens et dit son ori#ine.
[ne telle réflexion éclaire ce qu'il faut entendre par l'2tranger , par le lieu d'o" s'effectue le
9etour. 3eide##er en parlera en 45C6 en commentant un autre poème, & Douvenir
& >ndenBen / %
0endant le voya#e sur la mer (ee), la côte du pays doit (tre ou!liée et la pensée doit se tourner vers le pays étran#er. 0endant que la mer (Aeer)enlève la pensée du pays, PelleQ déploie en m(me temps sa richesse. lleconduit, une fois son ouvert parcouru, * la côte étran#ère et réveille l* la
pensée de l'étran#er, ce qui doit (tre appris, pour qu'ainsi s'accomplissel'appropriation du propre (9neignung des Eigenen) dans l'exposition del'étran#er rapporté et par l* transformé.4@
15 I!id., p. ndenBen , in Erl"uterungen #u ./lderlins +ichtung , =>, ?d. C, p. 4C< % & Bei der 9usahrt au die eemu1 die heimische &ste vergessen und das +enen dem remden ,and #ugewendet werden* $ndem das
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1u'est+ce que l'ou!li dont il est question ici 2 Yaut+il o!litérer de sa mémoire tout ce qui se
rapporte * la patrie pour partir sur ce voya#e puis y revenir 2 Yaut+il laisser la terre natale
derrière soi pour apprendre et faire l'épreuve de l'étran#er et retourner vers quelque chose
foncièrement nouveau 2 1uitter la patrie est+il aussi a!andonner verlieren/ tout ce qui s'y
rapporte et tous ses lieux de mémoires 2 D'a#it+il d'un renouveau reli#ieux qui ou!lierait une première vie, l'anéantirait pour remplacer un premier homme inaccepta!le et pecca!le par un
autre plus pur, plus proche de la perfection sans 8amais tout * fait l'atteindre 2
Les mots de 3eide##er sem!lent poser un mystère % la mer, le départ dans le pays étran#er fait
oublier la patrie tout en d2plo!ant sa richesse. )omment avoir la richesse de ce qu'on a
ou!lié et de ce qu'on a * ou!lier 2 0ourquoi alors l'ou!lier 2 t s'a#it+il de d2pouiller la patrie
de ses richesses, les lui arracher 2
Non. Le penseur quitte le .eimische par un appel de la .eimat elle-mme * faire
l'expérience de l'étran#er F il soure l' 9ngst de l'arrachement de la patrie, non pas pour la
quitter et l'ou!lier définitivement, mais pour r2pondre < son essence propre qui demande un
retour vers elle. L'ou!li dont il est question garde en lui le souvenir id8le du d2part et de
l'invocation de la .eimat F il #arde la mémoire de ce qui a réclamé et permis l'\uvert (Cen)
dont l'extension s'a#randit 8usqu'au pays étran#er.
Le pays étran#er n'est pas une e4p2rience de vie qui marquerait différemment le ,eib
la & vivance d'un corps animé/ ou chan#erait le raisonnement en le rendant plus précis etri#oureux, sans le poids de la mémoire du pays. Il faut noter d'a!ord que le >remde n'est pas
atteint immédiatement par une virée de courte durée, et que le voya#e lui+m(me constitue la
condition sine 6ua non du chan#ement * su!ir et éprouver (erahren). )e n'est qu'ayant porté,
pendant longtemps, le poids de cette lon#ue traversée que le penseur tourné vers l'étran#er
arrive au nouveau riva#e et fait l'expérience de la pensée qui le marque. Il fait son
apprentissa#e parce que le commencement depuis sa .eimat l'avait demandé pour effectuer
alors le 9etour et ce depuis l'essence du retour. L'\uvert du voya#e devient le recevoir , le
laisser+venir+vers, du pays étran#er qui enseigne le nouveau au navi#ateur.
)e nouveau n'est pas une nouveauté, ce n'est pas l'accumulation de connaissances qui
permettraient un pro#rès particulier, un avancement dans la faon de procéder dans une
analyse de données et de perceptions. Le nouveau est & ce qui doit (tre appris (« das
Aeer das 9ndenen an die .eimat nimmt entaltet es #ugleich seinen 5eichtum* Es &hrt wenn sein Cenesdurchahren ist an die remde &ste und erwect hier das +enen an das >remde das gelernt werden soll
damit bei der .eimehr die 9neignung des Eigenen im +arstellen des mitgebrachten und so werwandelten >remden sich vollende*
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gelernt werden soll ») et ce depuis tou8ours % il est dans le pro8et de l'(tre du 7asein pour
autant que cet (tre éclaire la pensée et l'est . )'est depuis la pens2e et donc l'tre de la patrie
que le 9etour demande et requiert que le nouveau soit cherché * l'étran#er o" un autre
commencement sera possi!le, possi!ilisant et inévita!le pour approcher autrement et
authentiquement l'(tre+au+monde du 7asein et ce qui permet son eBsistence.
L'épreuve de l'étran#er est donc celle+l* m(me de la .eimat , étant donné que celle+cine saurait s'ouvrir totalement comme le .eim du voya#eur qu'en étant aussi son retour. La
fidélité * la .eimat se traduit par un demeurer dans l'entre TWischen/ de celle+ci, un entre
qui est .eimat et >remde. )'est alors que devient clair ce que 3eide##er entend en parlant
d'enlever & le souvenir de la patrie (« das 9ndenen an die .eimat nimmt ») en o!tenant du
m(me coup toute sa richesse (« seinen 5eichtum »). La terre natale et la patrie ne donnent ce
qu'elles ont de plus riche, parce que de plus ori#inel, que pour celui qui les quitte et revient
vers elles, #ardant en lui la mémoire du départ et laissant pour un instant le souvenir de la
patrie qu'il retrouvera et enrichira * son retour et ayant fait l'épreuve (erahren) de l'étran#er.
,a mer ;eer/ est cet entre, elle est ce qui lie et est donc la dif+férence (Unter-chied) qui
emmène l'un vers l'autre les éléments de ce qui est [n et propre (ein#ig) offert par l'ori#ine
des choses qui se trouvent auprès de l'homme avant leur o!8ectivation moderne ou m(me leur
présence comme étendus+l*+devant pour les premiers penseurs #recques. La mer dit la
.eimat en marquant sa différence et sa première différenciation * partir de l'ori#ine. La
.eimat , comme la Φύσις et comme Φύσις, prend son essence * l'ori#ine.
3. Φύσις et 0ature
Nous pouvons désormais nous tourner vers ce qu'on entend et surtout ce que l'occident a fini
par entendre par Nature.4O )e mot essentiel et qui est devenu la !ase de toute séparation entre
l'homme et son monde de m(me que de tout lien entre les deux reste équivoque, et ce parce
qu'il tient en lui une histoire du rapport (%erh"ltnis) * la HJK dont l'ori#ine reste impensée.
Il devient plus clair pour nous ici, pour autant que nous pensons dé8* ce qui lui donne sonsens (inn) et ses premiers rapports et déterminations.
Il s'a#it moins d'2carter tout lien possi!le entre HJK et Nature que de montrer le lien
qui existe entre elles et qui permit * la première de se perdre dans la seconde surtout au cours
du 9omantisme.
Di la Φύσις ne se réduit nullement * la terre comme o!8et d'étude et de classification17
Nous n'a!orderons pas ici la différence entre la nature, la φύσις, puis la matière, différence importante mais pour le moment tan#entielle. Moir, par exemple, =adamer, 9u commencement de la philosophie, p. 4A4.
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scientifiques, elle est encore moins la Nature qu'elle soit chrétienne ou niet$schéenne. Nous
nous adressons ici directement * l'essai de 3eide##er, & 7ie 0hysis !ei >ristoteles . ]crivant
en 45CA, l'auteur nous dit, au dé!ut %
Les 9omains ont traduit Φύσις par natura F natura de nasci, naGtre, provenir de,en #rec εν : F natura ce qui laisse provenir de lui. Le nom de & Nature est,
depuis, ce mot fondamental qui nomme des rapports essentiels de l'hommeoccidental historial * l'étant... L'énumération simple des oppositions devenues prédominantes le montre % Nature et =râce Dur+nature/, Nature et >rt, Nature et3istoire, Nature et sprit.4S
La nature vient clairement de « nasci », du naGtre, elle indique plus précisément ce 6ui vient
de la terre natale et lui est formellement lié, y tenant son (tre et ce qu'elle offre.45 )'est pour
cela que ce qu'elle dit, ce qu'elle offre au lan#a#e, est un & mot fondamentale
& Grundwort /. Nous traduisons par & le mot fondamental , pour !ien nommer l'Unit2 de
l'ori#ine et du rassem!lement qu'elle éveille et soulève.La Nature se rapporte donc avant tout au don de l'ori#ine, * ce qui vient au 8our *
partir de l'ori#ine en y #ardant le souvenir et l'offrant * la parole de l'homme, !er#er de l'(tre
et de son assi#nation. )e qui vient au 8our, ce qui perce et s'ouvre timidement mais avec la
plus #rande assurance se dit tout d'a!ord, il se voue * la parole qu'il octroie lui+m(me * son
#ardien, au moment m(me ou le 0li ontolo#ique donne * apercevoir le premier événement
appropriant Ereignis/.
Notons que c'est la Nature qui nomme et non point le 0li lui+m(me ni l'événement, ce
qui pose dé8* la distance et la proximité * l'ori#inel et au sur#ir et donne une relation et une
position spécifiques vis+*+vis l'étant qui vient * l'ouvert depuis le 0li et par la HJK. [ne
détermination très spécifique de l'étant pour et par l'homme se fait dès le dé!ut de la parole
occidentale #recque et ce par la Nature elle+m(me dont la #enèse tom!e dans l'ou!li. Les
couples qui sont nés depuis ce premier fondement de la pensée occidentale se déterminent
tous par rapport * la Nature, * cette naissance première et donc * la patrie, * la .eimat et au
demeurer de l'homme mortel, * son passa#e sur la scène o" se déploient les étants et l'étant en
sa totalité. Di la relation fondamentale pour l'homme devient exclusivement celle qu'ilentretient avec l'étant, ce qui fut le cas et continue de l'(tre, ce qui sous+tend cet étant et le
permet comme tel, mais aussi ce qui s'ouvre avec cet étant et ce qui se cache ainsi que ce qui
18 & Mom ^esen und ?e#riff der Φύσις >ristoteles, 0hysiB ?, 4 , in egmaren, =>, ?d. 5, p.
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s'ouvre en se cachant, puis encore ce qui accompa#ne et l'ouverture et la fermeture comme
caractéristiques essentielles du 0li ontolo#ique n'est pas #ardé et ne laisse qu'une trace *
chercher. )e qui est * chaque fois auprès+de et l'auprès+de que nous vGmes plus haut, ce qui
accompa#ne et l'homme et l'étant dans leur relation rendue plus évidente dans le chapitre
précédent et dans l'entre explicité dans ce m(me chapitre puis précisé dans sa relation au
9etour vers la .eimat reste * penser depuis la parole d'ori#ine et depuis ses ou!lis % le divincomme celui qui accompa#ne l*+haut et ci+!as, donne le lieu et la trace dans la parole et ce
qu'elle rassem!le reste * l'ori#ine qui s'ori#ine tou8ours, c'est+*+dire qui n'est pas dans le temps
temporel mais dans la temporalisation depuis l'(tre et la dif+férence. La dif+férence première
et ori#inelle qui n'est point une opposition toute simple mais un accordement l'un * l'autre
d'un couple et donc [nité et non pas résolution dialectique des contraires ni o!éissance au
principe de non+contradiction, est celle qui offre le premier sur#issement et #arde l' Entlat
0li/ dans l'attente tou8ours plus insistante d'une nouvelle pensée enrichie par le départ *
l'étran#er et la fidélité * l'amour de la patrie.
3eide##er continue pour retracer en quelques para#raphes l'histoire du destin du nasci depuis
son appropriation latine et sa mi#ration dans la pensée chrétienne redéfinissant l'occident, la
terre des hommes du soir,
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manière, ce qui ne doit pas (tre.insi liée * l'homme créé, elle dépend de sa volonté et de son emprise sur ses passions
qu'il doit su!8u#uer au service d'une vie plus or#anisée. La nature+passion est alors suspecte
parce qu'elle implique le chaos et donc la mise en question et l'autre * renier de l'ordre éta!li
par l'homme raisonna!le.
La nature s'installant en l'homme détermine sa vue du monde qui devient & le mondeextérieur . Le lien qu'entretient l'homme de raison avec ce monde est déterminé par la
« nature » de l'homme qu'il parta#e avec l'animal, le non+humain et le non+raisonnant, celui
incapa!le d'adorer le 7ieu créateur, d'or#aniser ses pensées et de comprendre la création et le
chemin de la vie terrestre vers la vie éternelle. Le naturel de l'homme est alors * dompter et *
mettre au service de la raison et du principe créateur et or#anisant. L'homme est moins
homme lorsqu'il est plus l'homme de ses passions, du naturel, et plus homme en réfléchissant
* son existence sur terre s'inscrivant dans la hiérarchie des causes et structurée d'après les
schémas de la lo#ique.
Le naturel de l'homme est ensuite de plus en plus rapporté * la nature elle+m(me,
l'empressement passe du nat&rlich * la 0atur , du qualificatif comme passion au su!stantif qui
s'impose comme si#ne réel. Le re#ard passe alors, il va vers ce qui paraGt dorénavant évident
% la 0ature est ce 6ui n'est pas l'homme H elle est < contrKler parce 6u'elle constitue un danger
pour l'homme et pourrait occasionner sa perte*
;ais une autre étape se prépare dans ce raisonnement. )ontrôler c'est aussi changer ,modiier .
La nature tom!era plus tard sous une repr2sentation particulière qui dépend du
raisonnement lo#ique de l'esprit accompa#né de l'av8nement du su@et et qui fait d'elle le
& tout e4t2rieur * l'homme, un tout qui est * su!8u#uer * la volonté de ce dernier. La nature
22 3eide##er, & Mom ^esen und ?e#riff der HJK >ristoteles, 0hysiB ?, 4 , in egmaren, =>, ?d. 5, p. reiheit 9nheimgegebeneH diese « 0atur » &hrt sich selbst &berlassen durch die
,eidenschaten die Zerr&ttung des Aenschen herbeiH deshalb mu1 die « 0atur » nieder#ehalten werden: sieist in gewisser eise das was nicht sein soll* »
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est alors le tout biologi6ue et l'esprit usera de la mathématique et des sciences mathématiques
pour la & transformer et l'assurer comme tom!ant sous l'emprise de la raison et du calcul
salvateur : la Nature devient le stocB dont nous parlions plus haut.
Il s'a#it donc dans le pas en arrière de voir ce que cette Nature est % non pas pour récupérer
quelque histoire perdue ou pour ressusciter un autre concept de la Nature qui serait lié * unevérité éternelle de celle+ci. Le travail qu'implique ce pas et qui l'informe n'est pas un travail
de philolo#ie ni une révision de la modernité au profit d'une nouvelle doctrine & spirituelle
ou un nouveau concept métaphysique. Le pas en arrière concerne ce qui est dé8* l*, dans la
proximité et dont le mot #arde la trace F il pense ce qui s'est donné mais aussi ce qui se donne
tou8ours depuis l'ori#ine en tant que l'ori#inel. )e faisant, le pas permet la vue sur le co+
ori#inel qui s'ouvre dans la parole et dit le premier instant et l'instant lui+m(me qui est le & se
temporaliser du temps ori#inel dans son lien * l' Ereignis. Le re#ard de celui qui fait le pas
en arrière est le m(me que celui du voya#eur qui doit quitter la .eimat pour la retrouver en
répondant * son insistance $nst"ndigeit / : le re#ard de l'ori#ine.
La pensée de l'ori#ine inextrica!lement liée * la réflexion moderne et aux couples
d'opposition que 3eide##er évoque se fait donc en allant de l'avant depuis le commencement
et en reculant, dans un 8eu de va+et+vient qui n'est pas comparatif mais explorateur et ce d'une
manière spécifique parce qu'il est réponse * un appel qui se fait depuis tou8ours et * une
invitation * l'écoute qui se fait de plus en plus insistante. 9emonter la Nature c'est fouiller en
suivant le chemin qui mène 8usqu'* l'accomplissement de l'occultation de ce qui lui est le plus propre. La Nature, passant du & naturel , de l'animal rationale seul capa!le d'a!order le
7ieu chrétien, vers l'étendue pour l'ego cogitum, restant tout le lon# entre passion de l'homme
et le monde qui devient de plus en plus posé comme monde !iolo#ique extérieur, prend enfin
une autre tournure * la fin du dix+huitième siècle préparant le nouveau rè#ne mondial de la
technique appropriée en sa totalité, l'homme accaparant, * ce moment de l'histoire, ce que la
& Nature avait 8usqu'alors constitué pour lui pour saisir tout ce qu'elle contient et la
contrôler en l'offrant au calcul et * la #estion des ressources.)'est che$ Niet$sche que 3eide##er repère ce dernier sort qui fut pendant lon#temps
réservé * la Nature et * ses éléments constitutifs. Nous reprenons le fil de la m(me pa#e citée
plus haut pour noter comment Niet$sche s'inscrit dans tout le mouvement métaphysique avec
ses déterminations du naturel et * quel point sa philosophie en est l'accomplissement %
7ans une autre interprétation, c'est plutôt laisser la li!erté aux pulsions et aux passions qu'on considère comme le naturel de l'homme F homo naturae est,selon Niet$sche, cet homme qui fait du & corps vivant le fil conducteur de
l'interprétation du monde et, par l*, entre par rapport au & sensi!le en #énéral,... aux passions... dans un nouveau rapport d'accord, #râce auquel il met l'
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& élémentaire sous son contrôle, et est ainsi capa!le de maGtriser le monde, ausens d'une domination mondiale par la planification.
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ensuite de la nature le lieu d'2vasion, d'un retour r(vé * un « 2tat de nature » o" l'harmonie
ré#nait entre les hommes. )e & naturel ne fut cependant pas seulement vécu comme tel et
n'était pas par lui+m(me % le & naturel ne devenait ce qu'il est que pour le penseur, l'écrivain
ou le poète qui le rapportait * la Nature et * sa nature * lui en s'esquivant et errant dans les
for(ts et hors des sentiers !attus pour revenir ensuite au monde civilisé, fruit de & l'état de
société , o" ce qu'on considérait comme le & naturel et le lan#a#e & naturel fut soumis,mal#ré toute assertion prônant le contraire, aux rè#les de la lan#ue devenant de plus en plus
& lo#ique , étant données les exi#ences de concision de la pensée scientifique et
mathématique.
Nous n'avons pas l'intention d'offrir une étude et une histoire détaillées du sort du & naturel
dans le 9omantisme ou dans les Lumières, mais d'en esquisser rapidement le destin pour faire
ressortir la particularité de Niet$sche telle que 3eide##er l'identifie par rapport * toute la
tradition intellectuelle précédente. Nous revenons donc au passa#e de 3eide##er.
Le & naturel che$ Niet$sche occupe une place centrale qui détermine l'élan et la
perspective de sa philosophie et de sa critique de la tradition métaphysique et de la raison.
)ette critique a!outit * un discrédit du système de valeurs défendu et #alvanisé par les
sciences au profit d'un lien organi6ue entre l'homme, son corps vivant, et la vie, entre le
naturel et la Nature, rapportant l'homme * ce qui lui est de plus essentiel et donc de plus
li!érateur % laLles passion(s), celles+l* m(mes qui furent re8etées et craintes par le
)hristianisme puis #érées et contrôlées par la raison qui leur assi#nait la valeur particulièrequ'ils méritaient ou pouvaient acquérir. Niet$sche ne nie pas l'existence des valeurs, ceci est
!ien évident : comment sinon pourrait+il les attaquer avec la colère contenue et vacillante de
son Tarathoustra 2 : ils les laisse et concède l'inévita!ilité de leur existence dans le domaine
de l'homme de raison auquel il oppose son homme de passion F il ne les efface pas, n'a!ro#e
pas les lois qui en dépendent : il les voit pour ce qu'elles sont et réa#it face * elles F il les
surmonte en les retournant sur elles+m(mes, il refuse le système de valeurs en le tournant sens
dessus+dessous, !ouleversant ainsi l'édifice métaphysique et ré+évaluant sa structure de fonden com!le. 9appelons que c'est précisément l* que la pensée de Niet$sche atteint sa plus
#rande complétude et son ultime a!outissement % Niet$sche réévalue, revalorise les choses
autrement, réa8uste les valeurs, les renverse... ce faisant, nous l'avons dé8* !ien indiqué dans
cette étude, il remplace le système de valeurs existant par un autre qui lui est opposé : il
dévalorise le valorisé et valorise le dévalorisé. 0our 3eide##er, Niet$sche représente pour
cela m(me l'accomplissement de la m2taph!si6ue, mais il en reste tributaire 8ustement parce
qu'il en est l'achèvement : la métaphysique atteint sa fin depuis ses propres concepts et idées
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menées * !out et épuisées puis renversées et tom!ées tout en !as du cercle de son histoire.
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encore plus au sol natal, * la patrie, disait plus le lien essentiel * la pensée première et *
l'expérience de la pensée partant et retournant vers l'ori#ine tou8ours plus présente : l'ori#ine
o" tout dé!ute.
)e dé!uter présente dès lors un questionnement dont l'insistance se fait tou8ours plus #rande %
\" a commencé le tout depuis la `JK 2 \" est le dé!ut (Beginn) de la pens2e 21u'est+ce que ce dé!ut o" tout a commencé 2 1u'est+ce aussi que le commencement (9nang)
2 1u'indique+t+il et quel est son lien * l'ori#ine et au lieu ori#inel 2 ;ais aussi quel est son
lien au Dacré et donc le lien du Dacré et du divin * l'ori#ine 2
II. Commencement
& 9lle 9n"nge sind in sich das un&berholbar %ollendete* ie ent#iehen sich der .istorie nicht weil sie &ber#eitlich-ewig sondern gr/1er sind als die Ewigeit . & Eous les commencements sontcomplets d'une manière indépassa!le. Ils échappent * l'histoire, non pas parce qu'ils sont au+dessus dutemps et éternels, mais parce qu'ils sont plus #rand que l'éternité. /nfan#/ F
0our cette section, nous nous servirons principalement des Beitr"ge #ur ;hilosophie et de
Besinnung , o" les deux 9n"nge sont considérés de près.
)ommenons par une réflexion de =adamer sur le commencement, en #ardant * l'esprit que
nous citons un cours dédié aux 0résocratiques %
... n'en (tre qu'au commencement, c'est ne pas (tre encore déterminé en tel ou telsens, dans la direction de telle ou telle fin et par telle et telle présentation...)onnaGtre le commencement de quelque chose, c'est connaGtre ce quelque choseen sa 8eunesse... la période o" le développement n'est pas encore parvenu * sesstades concrets et déterminés...
)'est, 8e crois, en ce sens que l'on peut parler du dé!ut (Beginn) des présocratiques. Il a che$ eux une qu(te qui n'est liée * aucun savoir portant surle destin final, sur le !ut d'un parcours riche en possi!ilités. )'est une surprisede découvrir que se révèle en ce commencement la dimension la plusimportante de la pensée humaine.
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l'ampleur pour ensuite o!server en quoi la pensée du commencement enrichit le sens ori#inel
du divin.
=adamer part l* non pas du commencement lui+m(me mais de ce qui s'y trouve, de ce
qui y est . )eci lui permet de parler du destin de ce 6ui s'ore au commencement % il est
encore non & déterminé .
Il ne faut pas voir en cette non+détermination une sorte de chaos inor#anisé de la pensée qui attend de su!ir l'or#anisation systématique de la raison F le non-d2termin2 n'est pas
l'ind2termin2 confus et vide de sens, il est ce qui est encore dans le li!re des premières
possi!ilités de la pensée, il est ce qui se/ possi!ilise dé8* et reste ainsi le lon# de l'histoire qui
s'annonce dans les eBstases du temps dans le premier 8aillissement Ursprung /. Le
commencement n'a pas de sens. )e mot est * prendre ici dans sa si#nification directionnelle %
La première & fin en8oi#nant l' 9nang affecte ce qui s'y trouve d'une orientation particulière
et déterminante. Di une telle entreprise est possi!le, elle l'est parce que le commencement la
permet et y contient le #erme en tant que pure possibilit2.
La possibilit2 dit ici une ouverture ori#inelle de la pensée qui est et a la potentialité
d'une et de toute or#anisation, donc de tout système mais aussi ce qui ne s'ouvre pas et ne se
donne pas comme système ainsi que ce qui se cache, s'ouvre ou se donne en cachant % le
commencement n'est pas le tout ni la totalité, il est le possi!le pur de ce qui pourrait venir
ensuite et penser l' 9nang etVou le laisser dans l'ou!li de par le système éri#é lui+m(me si
celui+ci s'éri#e dans l'ou!li et dans des exi#ences déterminatives le marquant de leur sceau et
lui imposant leurs limites indispensa!les * leur saisie, leur éta!lissement et leur rè#ne. )e quiest au commencement n'a pas encore de & fin , il n'appartient pas encore * une téléolo#ie
particulière : il ne vise rien mais offre la !ase possi!le de tout venir particulier. Le !ut qui
s'offre dans l'*+venir est !ien pour lui mais seulement dans le sens d'une visée particulière qui
vient dire ce que la pensée du dé!ut de l'histoire de la métaphysique imposera ou aura pour
résultat et non pas dans le sens d'un !ut inélucta!le contenu dans le commencement comme
par une essence motivante nécessaire et immua!le.
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Le commencement est !ien une « @eunesse », mais il faut !ien comprendre ce terme ici
et surtout en parlant des deux commencements che$ 3eide##er.
La @eunesse n'est pas l'i#norance, elle n'est pas le & manque de #randeur, !ien qu'elle
implique l'a!sence de développement représentant a!outi. lle n'est pas tout simplement
l'inexpérience, elle est surtout le sans+!ut, le pr2-t2l2ologi6ue. D'il en est ainsi, on peut donc
affirmer sans équivoque qu'elle n'a pas de volont2 et ne tom!e donc pas sous son emprise,qu'elle soit volonté de volonté Dchopenhauer/ ou volonté de puissance Niet$sche/ ou m(me
la volonté de la technique moderne dans son emprise mondiale sur l'étant en sa totalité.
7oit+on donc affirmer que le commencement n'est rien 2 t pourtant & il y a le
commencement, et nous disons !ien & il y a et non pas & il y avait . Le commencement dit
le & rien , il dit le & rien de l'étant lorsqu'il entre dans la lan#ue, mais il le dit aussi parce
qu'il est potentialité continue, il est sur le non+fond ori#inel, l* o" se fait un premier
fondement sur un sans+fond impensé. )'est pour cela m(me que nous ne pouvons pas
affirmer que le commencement n'est rien ni qu'il est le rien, !ien qu'il y repose % il est ni rien
ni quelque chose, il est ce qui contient tou8ours l'avant de la pensée qui suit.
La surprise de =adamer devant lui devient maintenant manifeste % & )'est une surprise
de découvrir que se révèle en ce commencement la dimension la plus importante de la pensée
humaine.
Le commencement est ce qu'il y a de plus riche et ce en particulier pour toute pensée
humaine qui est dans un *+venir. Il est important pour cela et pour le fait qu'il est la pure
possi!ilité. Il contient donc tout ce qui vient et continue * venir. n outre, il est * l'ori#inetemporelle et temporalisant et n'entre pas lui+m(me dans une évolution linéaire de l'histoire.
0ar conséquent, nous pouvons dire de lui qu'il est tou@ours ce 6u'il a 2t2, il est constamment
dans la plus primordiale des extases du temps, celle de l'avenir qui détermine les deux
autres.64
Le commencement, !ien que nous parlions et allions parler encore plus de son lien
premier au dé!ut #recque, n'est pas * considérer depuis une évolution historique particulière
mais depuis le destin historial de la pensée dans lequel il est tou8ours et donne * penser dans le plus secret du lieu de la lan#ue et du Dacré qui y accède ou reste dans le timide de son lieu.
)e timide est ici ce qui se donne en se cachant, comme l'est l'(tre % il est le surprenant
pour le penseur qui son#e * l'ori#ine et au commencement qui s'y fait continuellement
(st"ndig) et y découvre ce qui sous+tend, et sans fondement aucun, toute la réflexion et la
lo#ique occidentale : chercher (suchen) ainsi, sans (tre un chercheur (>orscher) au sens
présentation % ses outils, ses confi#urations particulières et la pensée qui la ré#it.31 ;(me après ein und Zeit , lorsque 3eide##er mettra plus en avant ce qui est l* comme tel, la choséité de la
chose au présent, l'avenir ne perd pas son importance. Le présent s'enrichit et devient présant, ce qui & est en présence constamment, s'essentialisant, et qui se pro8ette lui+m(me vers l'avenir.
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scientifique du terme, c'est retrouver ce qui surprend le plus et en rendre compte, c'est voir le
premier commencement tou8ours opérant puis en penser un autre, le voir dans le premier,
depuis la position o" le premier place la réflexion, et s'appr(ter au saut, celui que fera l'autre
pensée pensée depuis la première et la dépassant : un autre lan#a#e, un autre esprit, un autre
homme, l'autre de l'homme dans son repli premier s'y son#ent et s'y préparent. )'est cet autre
commencement, avec et par le premier puis le dépassant, que nous voulons méditer ici avec3eide##er pour voir en m(me temps le destin du divin qui y déferle.
9estons cependant au sens du & commencement , cette fois+ci en le considérant directement
che$ 3eide##er, pour pouvoir ensuite parler plus clairement du premier et du deuxième
9nang puis du passa#e effectué entre les deux et de ses conséquences surtout ici, pour notre
étude, sur le divin et ses lieux possi!les.
M* ,es deu4 commencements
)ommentant dans & 9ndenen la parole de 3ypérion * ?ellarmin dans l' .!p2rion de
3Rlderlin II, 4AndenBen , in Erl"uterungen #u ./lderlins +ichtung , =>, ?d. C, p. 4CA.
33
I!id. % « +as »weiter« meint nicht die blo1e 9usdehnung eines abenteuerlichen >ahrens in eine noch gr/1ere Enternung* +as >ernste der >erne ist das >nfn#liche der .erunt der ltern. »
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3eide##er nomme dans ce m(me passa#e le & tournant (« die ende »).6C
>yant fait l'expérience du retour, le voya#eur, retrouvant par l* sa « pens2e propre »
& sein ei#enes >ndenBen / et ayant #a#né le savoir essentiel qui lui est destiné, peut enfin
penser * l'arriv2e.
Nous voulons a8outer au retour ici la dimension de l'arriv2e qui n'est pas
nécessairement propre au texte de 3eide##er ou de 3Rlderlin mais qui éclaire ici la réflexion propre * ce passa#e % Le retour implique tou8ours la patrie et une certaine connaissance de
celle+ci, il est retour vers elle enrichi d'une nouvelle expérience que nous découvrons ici
comme étant celle du commencement F ce retour est accompa#né d'une arrivée qui ne peut (tre
pensée et découverte qu'une fois le retour effectué. lle a cela de distinctif, qu'elle n'implique
pas la patrie directement et marque alors la .eimunt de quelque chose de nouveau qui offre
une autre ouverture : l'arrivée offre le nouveau et est méditation sur le retour qui pense non
seulement le premier commencement mais l' 9nang tout simplement et les possi!ilités qu'il
contient pour la pensée, elle est pr2paration pour le nouveau commencement qui attend en
pro+8et de l'(tre et de sa dispensation.
L'arrivée est * lier au « inir » d'un chemin que 3eide##er évoquera plus tard en
commentant & Erde und .immel % & Les chemins finissent en tant qu'ils entrent en repos,
mais ceci se fait pour qu'ils se rassem!lent dans le chant du calme de l'achèvement. n outre,
le chant sé8ourne dans une errance et un voya#e continus... 6 Lorsque le chemin du
voya#eur arrive * sa fin, il ne s'arr(te pas tout court, mais entre dans son propre % un repos
paisi!le, qui marque la m2ditation du cheminement accompli et du vo!age continu. La fin duchemin n'est pas la fin de la pensée mais l'entrée dans l'accomplissement de sa potentialité %
son repos est un recueillement qui réfléchit plus profondément, enrichi qu'il est par
l'expérience du départ et du retour dans la patrie.
Le recueillement+rassem!lement ici n'est rien d'autre que celui du Geviert % la pensée
peut maintenant méditer ce qui s'installe depuis l'origine des choses et des mortels et dans le
silence et la paix du timide entre ciel et terre. 9evenir * l'ori#ine c'est se rappeler l'ori#inel
depuis son fond !éant et le dire dans la parole du chant, non celle de la métaphysique maiscelle que le voya#e aura apprise au navi#ateur, celle de la mer et de la terre F chanter ainsi
so!rement l'ori#ine c'est retrouver le premier commencement, son savoir, et préparer le terrain
pour l'avènement d'une autre pensée.6@
34 L' & autre ici n'a aucune si#nification psycholo#ique, ce n'est pas une altérité par rapport * un su8et donnémais le différent * penser dans la 7if+férence Unter-schied / dont nous parlions au troisième chapitre et quifinit par marquer le tournant ehre V ende/.
35 3eide##er, & 3Rlderlins rde und 3immel , in Erl"uterungen #u ./lderlins +ichtung , =>, ?d. C, p. 4@C %« +ie ege enden indem sie ruhen dies aber dadurch da1 sie sich sammeln im Gesang der 5uhe der%ollendung* +er Gesang @edoch verweilt in einem steten andern und 5eisen*** »
36
Le +ict donc chan#e. Il caractérise notre faon d'approcher et l'ori#ine et toute la pensée de l'(tre et ce qui endécoule. 3eide##er privilé#iera la poésie, comme le lecteur l'aura dé8* !ien remarqué. Naturellement, la
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Il est donc clair que l'arrivée * la terre natale et l'anamn2sis du premier
commencement ne constituent pas un retour aux =recs, qui auraient tout #ardé de la vérité,
mais plus précisément * la pensée occidentale dont le commencement #recque et surtout dont
l'ori#ine qui fut offerte aux =recs persistent tou8ours et se donnent * celui qui les cherche % le
voya#eur.
Il pourrait sem!ler au lecteur que cette ori#ine reste en dehors du temps, mais ce n'est pas du tout le cas F elle n'est pas non plus une faon de nier en !loc le temps linéaire de la
science historique. L'ori#ine est tou8ours dans une temporalité sans (tre soumise * la version
linéaire de l'histoire. ;arlène Tarader en dira % La pensée de 3eide##er & vise une & chose
ache/ 8usqu'ici impensée, n'ayant 8amais appartenu au passé, tou8ours en attente d'avenir ,
ce qui ne veut nullement dire qu'il faille retrouver une essence atemporelle, il n'y a rien de
plus loin de la pensée de l'auteur, sachant que son #este & n'a rien d'un retour aux =recs, au
sens d'une quelconque résurrection de la pensée #recque ou du #énie présocratique. ;ais cela
si#nifie, en second lieu, que cette méditation vise une & chose temporelle, liée * une lan#ue,
et ayant inau#uré une histoire. Tarader peut alors affirmer dès le dé!ut de son étude sur
l'ori#ine che$ 3eide##er que l'Uuvre de celui+ci & n'est pas non plus le pur dévoilement d'une
structure atemporelle... li!re de toute épaisseur historique. 6O Di nous ne réduisons pas
l'ori#ine * un point sur une li#ne représentant l'histoire, nous lui reconnaissons nécessairement
la temporalité sans laquelle elle ne pourrait (tre ni donner un commencement quel qu'il soit.
Le dé!ut historique #rec est au commencement non encore métaphysique et c'est pour cela
que nous le considérons de plus pr(t % il est dans une lan#ue autre qui en chan#eant verrait parla suite l'institution tripartite de la lo#ique, l'esthétique et la physique.6S D'il faut remonter
ainsi le temporel des époques de l'(tre, s'il faut voir le non+ et le pré+métaphysique, c'est parce
qu'avec elle et en son sein tout seul, le commencement de la pensée et l'ori#ine sur laquelle il
repose nous échapperaient, les deux comme tels échappant * toute réflexion purement
métaphysique.
X+Y ;attéi, commentant la lan#ue et le péril o" elle se trouve dans la métaphysique, diraconcernant toute tentative * reconsidérer l' 9nang #rec % & )e qui nous échappe tou8ours +
question se pose % pourquoi la poésie et non pas un autre domaine lin#uistique 2 )'est que la poésie s'éloi#nele plus de la lan#ue de la métaphysique. )omment et pourquoi, nous le verrons dans le chapitre I qui lui estconsacré. Nous considérerons alors le chemin poétique et ses limites pour le penseur, qui ne le cherche donc
pas exclusivement et ne s'y arr(te pas : il est plus étape riche de sens que !ut et champ sémantique idéal etunique.
37 Marlène Tarader, .eidegger et les paroles de l'origine, p.
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& Non ce n'est pas le temps... :, c'est le commencement dans lequel s'inscrit la
métaphysique, et qui apparaGt... comme Eerre. 65
7eux choses nous intéressent dans cette o!servation % 7'a!ord, au contraire des
assertions courantes en philosophie la métaphysique « s'inscrit » dans le premier
commencement, elle ne l'est pas, mais est plutôt le déclin de ce qu'il donne : elle vient
s'instituer en lui sans le penser, elle est fondée sur lui et ne le contient pas, il ne fait pas partiede son domaine F elle dépend de lui sans qu'elle ait le lan#a#e pour le constater et l'approcher.
nsuite, ce commencement, sa trace et son dit sont * chercher dans l' Erde dont l'association
nécessaire * la patrie et * la pens2e du retour et du d2part nous est maintenant très claire.
0artir de la métaphysique, ce n'est pas y rester, mais sortir de son lan#a#e après et par
l'expérience du voya#e, pour retrouver le commencement qui la précède et qui peut, en tant
que pré+lo#ique, permettre de méditer l'ori#ine. n méditant l'ori#ine nous attei#nons une
compréhension plus lar#e mais plus précise de la terre et de sa place élémentaire dans le
1uadriparti.
>yant acquis * reculons le savoir propre * la compréhension du premier commencement dans
la .eimat retrouvée, nous pouvons alors penser le deuxième commencement et ce qui
l'occasionne et l'accomplit.
Notons dé8* que ce deuxième commencement ne vient pas par un pur re8et du premier,
ni par une autre éla!oration de quelque version de la lo#iqueVmétaphysique qui a remplacé le
premier et annoncé son déclin, ni par une reconfi#uration de celle+ci qui la mettrait sensdessus+dessous par rapport * ses valeurs et * la validité de ses concepts. Le nouveau
commencement est, cependant, en #erme dans le premier pour autant que celui+ci rende
possi!le la méditation qui l'emmène. 3eide##er précisera dans les Beitr"ge %
L'explication de la nécessité de l'autre commencement * partir de l'installationori#inelle du premier commencement.CA
L'appropriation ori#inelle du premier commencement si#nifie le fondement
solide (>u1assen) dans le premier commencement.C4
Di nous partons du premier 9nang c'est qu'il permet une assise sur laquelle le départ vers le
deuxième peut se fonder. Insistons sur le mot & départ ici. L'assise solide >u1assen/ dans
le premier commencement est pour ce nouveau d2part et aucunement pour la constitution du
deuxième F celui+ci n'est pas fait du premier et de ses éléments, il n'y puise pas les principes
39 X+Y. ;attéi, .eidegger et ./lderlin : ,e 3uadriparti, p. 44A.40 3eide##er, Beitr"ge #ur ;hilosophie: vom Ereignis, =>, ?d. @, b S4, p. 4@5 % « +ie 9useinanderset#ung
der 0otwendigeit des anderen 9nangs aus der urspr&nglichen et#ung des ersten 9nangs* »41
I!id. b S, p. 4O4 %« +ie urspr&ngliche Zueignung des ersten 9nangs bedeutet das >u1assen im anderen 9nang*** »
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ondamentau4 de sa structure. )e qui est possi!le est la pensée du partir vers l'autre pensée
lié * tout ce que nous avons considéré sous les sens très particuliers du retour et de la patrie.
L'esprit enrichi par ce que ces derniers lui auront permis, ressaisit le premier commencement
sous le sens que celui+ci #arde de l'ori#ine. )'est ainsi qu'il faut comprendre ce que nous
traduisons ici par & appropriation ori#inelle (« urspr&ngliche Zueignung ») % la pensée qui
arrive * ce que 3eide##er nommera plus tard le & dépassement de la métaphysique s'approprie d'une faon ori#inelle du point de vue du 0li ontolo#ique et pré+ori#inelle du point
de vue qui considère l'histoire de la philosophie, celle+ci plaant l'ori#ine * une date
postérieure et i#norant son fondement. D'approprier ainsi cet 9nang c'est se placer en son
sein et faire cela en tant que réflexion préparant la pensée de l'Inconnu, qui dé8* dit quelque
chose sur celui * qui nous avons consacré le deuxième chapitre et qui dit le divin en dehors
des concepts pré+éta!lis de la métaphysique, des caté#ories a priori et du summum ens.
L'appropriation est pour un départ, elle n'est pas le deuxième commencement et ne lui fournit
pas son langage propre !ien qu'elle rende évidente sa nécessité.Cragens und agens* ») I!id., b 4, p. +@.
43 I!id., b
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place dans l'installation du Geviert % l'(tre de l'homme est ou!lié plus que 8amais dans
l'affairement quotidien incapa!le d'apercevoir le contrôle su!reptice qui met le propre de
l'humain * la disposition du calcul. 3eide##er note que rien ne peut plus sauver l'homme,
c'est+*+dire rien de ce qui est connu dans l'état actuel des choses, parce que la technique a
assu8etti tout le monde ontique et ce qu'il contient. )'est précisément par une telle
constatation que le penseur se diri#e alors vers ce qui lui est le plus propre et le plus ori#inel %l'événement premier d'o" tout sur#it et qui demande pour (tre pensé une compr2hension du
premier commencement 6ui lance l'homme vers le deu4i8me. )eci arrive par une ouverture
appropriante de l'(tre, d'o" le ver!e ereignen utilisé ici. L'(tre doit avoir un accueil dans une
pensée nouvelle qui ait un lien essentiel * son appel et * son ouverture. )elle+l* doit reposer
sur un langage et une approche di2rents qui tiennent de l'ori#ine et ne s'arr(tent pas * la
condition actuelle de l'ontique % ils appartiennent au deu4i8me commencement . )'est alors
seulement que nous sommes * nouveau ce que nous sommes % nous retournons vers nous+
m(mes en sortant de la quotidienneté o" s'a!sente notre essence.
)ette réinté#ration de l'(tre de l'homme se fait par une nouvelle entrée dans l'offrande
(Cper). \r l'offrande dit directement le Dacré, elle n'est possi!le que dans le lieu sacré. Le
retour de l'homme donc * ce qui lui est essentiel et ce par l'autre 9nang comporte une
composante inévita!le et inté#rale % celle du Dacré et donc d'une manifestation, d'un Crt et
d'une parole nouvelle qui remettent les mortels dans et auprès du rassem!lement et en rapport
(%erh"ltnis) essentiel avec le divin. Lorsque, par l'(tre, l'homme se laisse * nouveau
approprier, il est dans ce que donne le divin et y tient son existence m(me dans les eBstases dutemps installant les choses et leurs liens. 0réparer le deuxième commencement c'est préparer
une nouvelle époque marquée par une présence particulière de la donation dans le rapport au
divin dans le rassem!lement du Geviert et c'est approcher de plus près le sens de l'assertion
heide##erienne % « 0ur ein Gott ann uns retten* »
7ans les Beitr"ge 3eide##er précise ce qui caractérise le questionnement de chacun
des deux commencements, les distin#uant et souli#nant la transformation radicale qui
affecterait la nouvelle pensée. Nous pouvons m(me affirmer que tout ce livre, marqué parl' Ereignis, pivote autour de cette distinction, affectant chacune des étapes et des centaines de
phrases nominales essayant de donner des explications sur le nouvel 9nang sans le réduire *
une seule définition.
L'auteur identifie deux questions décisives % la ,eitrage et la Grundrage, que nous
pourrons traduire, tant !ien que mal, par & la question directrice et & la question du
fondement , o" il faut entendre & la question qui diri#e et & la question qui fonde , pour
souli#ner le caractère actif des deux questionnements, chacun caractérisant toute une manière
de penser et d'a!order l'histoire et impré#nant une époque o" il reste tout de m(me lié * l'autre
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platonique. La question directrice parle donc en effet de l'(tre, puisqu'elle parle de l'(tre de
l'étant, mais elle s'y limite, restreint sa réflexion * cette ré#ion et diri#e toute la philosophie
qui suivra dans cette direction particulière. [ne telle direction (5ichtung) donne tout son sens
(inn) * la pensée occidentale. Don questionnement est important et essentiel pour
comprendre le monde des étants et l'(tre intra+mondain du +asein, elle est le départ et le
retour du philosophe et ce n'est qu'* travers elle menée * !out qu'il devient possi!led'apercevoir l'ori#ine et de savoir d'o" partira la nouvelle pensée. 3eide##er insiste !ien sur
l'endroit o" l'on est en considérant l'étant et l'(tre de l'étant % & dans le domaine de la question
qui #uide le dé!ut de la pensée occidentale (« im Bereich der >rage von der der 9nang der
abendl"ndischen ;hilosophie*** geleitet war* ») Nous sommes, au point o" nous emmène le
voya#e enfin & dans le premier commencement, ce qui le constitue et ce qu'il instaure, et
& dans le moment le plus déterminant et fondateur de l'histoire de l'(tre de l'étant qui étaye
les périodes de la réalisation du destin de l'occident 8usqu'au !ouleversement niet$schéen.C@
)e & im Bereich est * deux tranchants qui trahissent une apparente am!ivalence % (tre
& dans c'est ne pas voir ce qui est en & dessous , l'assise du fondement, mais c'est aussi le
point d'appui principal pour un saut qui n'est pas simple perte dans quelque chose de va#ue,
!ien qu'il traverse l'a!Gme. La question directrice peut alors céder la place * une autre qui
vient s'imposer nécessairement et d'une faon surprenante % la Grundrage.
9evenir * la question de fond, c'est passer de ce qui caractérise le premier 9nang vers
l'ori#ine et ce qu'elle contient et possi!ilise, c'est demander * dire le sur#issement, * entendredifféremment et li!re d'une réflexion dépassée. Le deuxième commencement est une
méditation plus ori#inelle qui utilise dès lors une lan#ue plus ori#inelle, qui n'est pas une
simple purification étymolo#ique, mais un dire différent retrouvé depuis ce qui le permet et
l'offre : ce qui explique la recherche qu'effectue 3eide##er sur les traces et le possi!le d'un tel
dire en dehors de la métaphysique, en approchant l'art et la poésie dans ses écrits qui, après
46 0our la question directrice, l'tre de l'étant, la détermination de l'étantité c.*.d. l'énonciation des caté#ories pour l'οὐσία/, constitue la réponse. Les différents domaines de l'étant deviennent plus tard importants, dedifférentes manières, dans l'histoire post+#recque. Le nom!re et les sortes de caté#ories et leur & système chan#ent, mais ce départ reste essentiellement le m(me, qu'il vienne directement du λ+ος en tantqu'assertion solidement éta!lie ou qu'il soit le résultat de transformations déterminées dans la conscience oudans l'esprit a!solu. La 6uestion directrice détermine, de cette m(me faon, la question sur l' & (tre depuisles =recs et 8usqu'* Niet$sche. L'exemple le plus clair et le plus important de cette unité de la tradition est la& Lo#ique de 3e#el. « >&r die ,eitrage ist das Dein des eienden die Bestimmung der eiendheit (d* h*die 9ngabe der « ategorien » &r die οὐσία ) die >ntWort* +ie verschiedenen Bereiche des eiendenwerden in der sp"teren nachgriechischen Geschichte verschidenartig wichtig Zahl und 9rt der ategorienund ihres « !stems » wechseln aber es bleibt im wesentlichen in diesem 9nsat# mag er unmittelbar imλ+ος als 9ussage >u1 assen oder #uolge bestimmter Umwandlungen im Bewu1tsein und im absolutenGeist* +ie Leitfra#e bestimmt von den Griechen bis #u 0iet#sche dieselbe eise der >rage nach dem
« ein »* +as deutlichste und gr/1te Beispiel &r diese Einheitlicheit der Iberlieerung ist .egels« ,ogi »* » / I!id., b 6C, p. O@.
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ein und Zeit , rechercheront tou8ours ce qui fonde le sé8our de l'homme, plus précisément
l'ori#ine du fonder et du sur#ir, non seulement celui qui vient du 0li dans la présence mais
celui qui permet le 0li lui+m(me et lui accorde ce qui donne une histoire et un déferlement de
son destin, tou8ours pour le +asein, seul capa!le d'une récupération pouvant penser l'(tre et
l'étant et ce qui accorde leur lien puis le rassem!lement de ce qui fonde les lieux du sé8our des
mortels.)es assertions sous+tendent l'explication que fait l'auteur sur la Grundrage et qui sera
reprise et enrichie tout au lon# des Beitr"ge % & n revanche, pour la question de fond, l'(tre
n'est pas la réponse et le domaine de la question, mais ce qui est le plus di#ne de question. j
lui convient une reconnaissance unique qui fait un saut vers l'avant. CO )'est la direction du
questionnement qui chan#e % l'esprit ne se met plus & dans l'(tre ou une ré#ion particulière
qu'il ré#it : une réflexion nouvelle s'institue reprenant ce qui peut et aurait pu se dire sur l'(tre
et sur son histoire, c'est+*+dire tout ce qui l'accompa#ne dans et en dehors des ré#ions du
premier commencement et de la question directrice.
La question devient non pas & l'autre radical de la première, mais le & tout autre ,
résultat d'un saut idéolo#ique et radical % faire le saut, c'est entrer dans un autre lan#a#e
tou8ours naissant et en attente du +it particulier qui lui correspond. 3eide##er décrira ainsi le
lien entre les deux commencements%
>lors qu'un départ de la question directrice vers la question de fond n'est 8amais possi!le, d'autre part, le déploiement de la question de fond offre en m(me
temps le fond pour remmener toute l'histoire de la question directrice vers une propriété plus ori#inelle et non point pour la re8eter comme quelque chose dedépassé.CS
7ire que le & départ * partir de (von der) la question directrice n'est pas possi!le, ce n'est pas
admettre l'inutilité de celle+ci ni l'impossi!ilité de son dépassement, mais c'est intimer que ce
dernier ne saurait se faire dans la question elle+m(me ou en partant d'elle comme !ase, telle
qu'elle l'est, par exemple, pour le principe de raison. [ne fois le saut effectué ou m(me une
fois que sa possi!ilité est rendue évidente, on peut penser le premier commencement lui+
m(me aussi plus ori#inellement, ayant été en son sein et l'ayant dépassé, étant donc * m(mede reprendre l'histoire de la pensée occidentale dans son dé!ut impensé : dépassement
(Ibergang Iberholung) n'est pas ici un laisser comme dépassé (abgesto1en), mais un
rapporter * l'ori#ine qui n'est possi!le que par la Grundrage et donc dans le saut vers le
deuxième commencement. _tre dans celui+ci n'est pas un simple aller dans une direction
47 I!id. % « >&r die Grundrage dagegen ist das ein nicht 9ntwort und 9ntwortbereich sondern das >rag-w&rdigste* $hm gilt die vorspringende und ein#ige &rdigung*** »
48 I!id., b 6C, p. OO % « enngleich nie ein >ortgang von der ,eitrage #ur Grundrage m/glich ist so gibt doch
umgeehrt die Entaltung der Grundrage #ugleich den Grund das Gan#e der ,eitragengeschichte in einenurspr&nglicheren Besit# #ur&c#unehmen und nicht etwa als ein %ergangenes nur ab#usto1en* »
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opposée, une sorte de & mouvement contraire (« Gegenbewegung ») qui ferait tout
autrement et irait en s'éloi#nant expressément de l' 9nang du ν * ν, parce qu'un pareil
mouvement serait, comme tout & aller contre , directement tri!utaire du premier, alors qu'il
est ici dans un autre dit que lui, un dit qui peut saisir le premier plus ori#inellement.C5
Notons maintenant le destin de la vérité dans les deux commencements et surtout entre eux,
dans la période du rè#ne de la métaphysique.
7ans le premier commencement la vérité en tant que dévoilement (Unverborgenheit)
excessif est un & caractère (« Oharater ») de l'étant, elle est dé#a#ée de lui et o!tient sa
détermination directement du monde qu'il peuple. lle su!it ensuite une transformation qui
inau#ure la modernité % & ... 0ar la transformation de la vérité en exactitude de la déclaration,
la & vérité devient la détermination des étants transformés en o!8ets. A Nous retrouvons la
définition de la vérité que nous avons considérée au deuxième chapitre de cette étude.
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Nousne reprendrons pas ici nos propos. )e que nous voulons plutôt noter est que la détermination
première de cette vérité lui vient du premier 9nang et marque d'une certaine faon la !risure
qui sépare celui+ci de l'ori#ine. n effet, cette dernière permettant le sur#issement premier et
possi!ilisant la pensée ne lui donne pas ses déterminations premières !ien qu'elle contienne
leur possi!ilité % le premier commencement répond * un destin particulier, celui de l'occident,
qui voit une incarnation spécifique des éléments rencontrés * l'ori#ine et inau#urant l'époque
de la pensée de l'étant. )e qui est le plus propre * la vérité, le plus méconnu de cette vérité,
est retrouvé dans le deuxième commencement, o" elle est & reconnue et fondée en tant que
vérité de l'estre , l' & estre lui+m(me se fondant comme & estre de la vérité , ?d. 5.)'est avec 0laton et sa version de la vérité qu'un nouveau dé!ut est inau#uré marquant la philosophie et
préparant l'idéalisme allemand de ant et Yichte % l'auto+réflexion. Moir =adamer, 9u commencement de la philosophie, p. S./
52 Beitr"ge #ur ;hilosophie: vom Ereignis, =>, ?d. @, b 54, p. 4S % « $m anderen >nfan# wird die ahrheit
erannt und gegr&ndet als ahrheit des e!ns und das e!n selbst als e!n der ahrheit*** » Nous traduirons tou8ours « e!n » par & estre pour le distin#uer de « ein » & (tre /.
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identité des deux dans le sens o" ils ne sont 8amais l'un sans l'autre et o" l'estre l'(tre pensé
plus ori#inellement/ s'offre dès le dé!ut comme vérité. Yaire le saut dans l'autre 9nang c'est
se placer dans la vérité, qui n'est autre que la vérité de l'estre, dans son ouverture et son retrait,
et de ce qui vient continuellement de l'ori#ine, c'est pouvoir approcher cette question qui ne
fut pas posée dans le premier commencement et est restée ainsi tout le lon# de l'histoire de la
métaphysique.6 Le deuxième commencement es